À Paris ce vendredi soir, un demi-millier de policiers se sont en effet rassemblés vers 21h30 devant la cathédrale Notre-Dame, non loin de la préfecture de police. «Les vraies revendications sont liées à la façon d’exercer notre métier», explique Christophe, 38 ans dont 16 dans la police et présent à la manifestation. Réclamant «une réforme de la légitime défense», ce brigadier qui travaille en Seine-et-Marne estime qu’il faut «faire changer la peur de côté». «Tous les flics de France ont peur de sortir leur arme», s’énerve-t-il.
«On ne demande pas un permis de tuer mais le texte n’est plus adapté à la délinquance d’aujourd’hui», «vous saviez que la loi est la même pour un civil comme un policier?», relève Eric, brigadier chef de 47 ans. Emilie, gardien de la paix de 25 ans à Paris, demande à être plus «soutenue par la hiérarchie»: «Quand on est blessé sur une intervention on n’est pas entendu». Ne se réclamant pas des syndicats – «on est mal représentés, les délégués ne connaissent plus la réalité du terrain»- elle souhaite «une réforme pénale».
À Lille aussi, une manifestation a eu lieu dans l’après-midi, à laquelle près de 200 policiers participaient. À Orléans, selon les informations de France Bleu Orléans, une centaine de policiers en colère étaient descendus dans la rue ce soir, tout comme à Toulouse. À Marseille, ils étaient à nouveau plus de 100 rassemblés sur les marches du palais de justice, et on en comptait environ 150 à Grenoble.
Le président de la République, François Hollande, avait pourtant annoncé, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre, qu’il recevrait les syndicats de policiers en «début de semaine» afin d’entamer un dialogue pour mettre fin aux manifestations.
Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait affirmé avoir répondu à plusieurs des revendications policières depuis le début du quinquennat. Une concertation avec les personnels de la police nationale devrait débuter lundi dans chaque département. Un «plan sécurité publique dédié aux policiers et aux gendarmes» est également prévu en novembre.
Le ministre de la Justice s’est engagé pour sa part à transmettre aux organisations syndicales «les chiffres sur la réalité de la réponse pénale concernant les atteintes aux personnes dépositaires de l’autorité publique».
Une demi-douzaine de mouvements spontanés ont eu lieu depuis les années 1980, mais c’est la première fois que la base marque une triple rupture avec l’exécutif, la hiérarchie policière et les organisations représentatives, par ailleurs divisées.
Le figaro