Des expériences sensorielles étranges surgissent parfois pendant l’endormissement, plus rarement au réveil. Faut-il s’en inquiéter?
Les draps sont frais et l’oreiller est doux. Vous êtes sur le point de glisser avec délice dans les bras de Morphée lorsque, soudain, vous avez l’impression de tomber dans un abîme ou de rater une marche. Vous voilà réveillé en sursaut ! Cette hallucination d’endormissement est la plus fréquente de toutes les hallucinations liées au sommeil. Selon une enquête téléphonique menée en 2000 auprès d’un échantillon représentatif de 13.057 personnes âgées de plus de 15 ans dans les populations anglaise, italienne et allemande, 23,2% des personnes sans pathologie l’éprouvent une fois par mois.
L’érudit Alfred Maury, lui-même sujet à ce type de parasomnie (comportement anormal pendant le sommeil, ndlr), sera le premier à proposer en 1848 le terme d’«hallucination hypnagogique» (des termes grecs hypnos – sommeil – et agôgos – commencer) pour qualifier celles qui se produisent pendant la phase d’endormissement. Plus rares sont les hallucinations dites hypnopompiques, survenant au réveil.
Quelle que soit sa forme, l’hallucination nocturne présente les caractéristiques suivantes :
- Elle ne dure que quelques secondes.
- Elle est souvent confondue avec un cauchemar par le sujet lui-même.
- Elle peut concerner tout type de personne. Elle n’est donc pas nécessairement liée à une consommation de psychotropes ou à un trouble psychotique.
- Elle intervient de façon épisodique.
- Les images paraissent absolument réelles, et le sujet peut les décrire très clairement, avec souvent bien plus de précisions qu’il ne le ferait pour décrire un rêve.
L’hallucination nocturne peut être perçue au niveau :
- visuel : le sujet est convaincu d’avoir vu un voleur, une forme, une lumière, un insecte ou un autre animal dont il est d’ailleurs généralement phobique ;
- auditif : le sujet est persuadé d’avoir perçu une voix, un bourdonnement, une musique ou un bruit quelconque ;
- kinesthésique : le sujet ressent une perception de mouvement dans une partie du corps ou dans tout le corps, ou de déplacement de son corps dans l’espace. Il peut aussi avoir l’impression qu’on le touche alors qu’il n’en est rien.
Il est établi que les personnes souffrant d’hallucination nocturne :
- sont plus exposées au fait de parler en dormant ;
- peuvent — pour une partie d’entre elles tout du moins — montrer des signes de somnambulisme.
Causes des hallucinations nocturnes
Toute personne peut, à un moment ou à un autre, faire l’objet d’une hallucination nocturne rare. Toutefois, il est établi que les sujets les plus exposés à ce phénomène sont :
- les insomniaques chroniques ;
- les personnes souffrant de paralysie du sommeil ;
- les narcoleptiques (la narcolepsie est un trouble du sommeil sérieux) ;
- les anxieux ;
- les dépressifs ;
- les schizophrènes ;
- les consommateurs de psychotropes, notamment les personnes suivant un traitement médicamenteux à base de benzodiazépines, les toxicomanes et les alcooliques.
Hallucinations nocturnes : comment les éviter ?
Lorsqu’elles sont fréquentes, les hallucinations nocturnes perturbent considérablement la qualité de vie. Elles peuvent en effet entraîner un sommeil de mauvaise qualité, une perte d’énergie, voire un état dépressif ainsi que des angoisses.
Heureusement, il existe de nombreux moyens pour avoir moins d’hallucinations nocturnes et/ou pour être moins perturbé par leur survenue :
- cesser totalement sa consommation d’alcool ;
- supprimer toute substance psychotrope illicite ;
- en parler à son médecin traitant si l’on pense que l’hallucination nocturne peut être due à un médicament en particulier de type benzodiazépine, afin qu’il modifie les doses ou propose un autre traitement ;
- modifier momentanément ses heures de coucher et de lever, ce qui peut avoir un effet bénéfique ;
- s’adonner à une activité calme et plaisante juste avant de s’endormir : écouter une musique douce et relaxante, lire un livre sans trop de suspens, etc. ;
- avoir recours à des méthodes douces comme la relaxation, le yoga, la méditation.
- Lorsque les hallucinations nocturnes sont récurrentes et perturbent considérablement la vie quotidienne du sujet, il est vivement recommandé de consulter. Un diagnostic sérieux pourra être effectué, nécessitant si besoin des examens complémentaires. Il est possible de prendre rendez-vous chez son médecin généraliste, un psychothérapeute ou un spécialiste du sommeil.