Lors d’une interview avec le journaliste Albert Kostanian lundi, l’ambassadeur de France à Beyrouth Bruno Foucher a fait part de sa crainte pour le Liban, assurant que le pays n’avait pas de « plan B » et qu’il devait continuer les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Il a aussi indiqué la nécessité de réformes qui n’ont pas encore substantiellement avancé.
« Il y a un bilan qui n’est pas bon du tout. C’est pour cette raison que nous avons encouragé le Liban à s’adresser au FMI. Alors qu’il y a eu 16 ou 17 réunions à ce jour, ça ne progresse pas. Et ça ne progresse pas sur des choses tout à fait préliminaires, à savoir l’état des comptes de ce pays, l’état des pertes. Il n’y a pas de plan B, il faut discuter avec le FMI. Il faut rentrer dans le corps du sujet”, a lancé M. Foucher affirmant que les choses n’avancent pas “pour des raisons politiques, pour des raisons constitutionnelles, … » dit M. Foucher.
Au sujet des réformes que le Liban doit absolument débuter, M. Foucher a déclaré que « les choses avancent trop doucement ». Selon lui, il y a deux catégories de réformes à faire : des réformes économiques, et des réformes de transparence et de bonne gouvernance. Il a aussi insisté sur l’importance de la résolution du problème de l’électricité au Liban : « Il est urgent de pouvoir créer un véritable service public qu’est l’électricité ».
L’ambassadeur a aussi affirmé qu’il est possible que la France et l’Union Européenne débloquent une assistance humanitaire d’urgence pour le Liban. « C’est quelque chose que nous sommes en train de décliner dans un certain nombre de programmes que nous sommes en train d’opérationnaliser en faveur de certains secteurs qui sont pour nous tout à fait essentiels”, a-t-il indiqué.
Un support financier aux écoles et universités libanaises
L’ambassadeur a longuement décrit le Programme de soutien promis par la France aux écoles libanaises. « C’est un soutien fort de l’Etat français qui est à la mesure de l’inquiétude que nous avons pour l’avenir de ce pays. Nous en sommes venus à décider de soutenir ces écoles qui constituent le cœur de notre présence séculaire dans ce pays. Nous allons permettre aux établissements d’avoir accès à des prêts à taux zéro, fournir des aides aux familles libanaises et travailler à aider ces écoles à déterminer leur modèle économique. Très souvent, ces établissements fonctionnent sur des systèmes structurellement déficitaires. Je pense qu’il faut regarder avec eux comment s’assurer que l’avenir sera meilleur », a-t-il expliqué.
Sur le soutien de la France aux universités libanaises, M. Foucher a rappelé que l’Université Saint-Joseph bénéficie déjà une assistance de la France. Il a également expliqué que les écoles chrétiennes au Liban représentent 337 des 2854 écoles et que la France compte les aider en terme de structure. Cette aide sera renouvelable d’une année à l’autre.
Dans le cadre du support financier accordé aux écoles et universités libanaises, l’Amérique a également accordé son assistance financière à deux grandes universités au Liban. En effet, Morgan Ortagus, porte-parole du département d’État, avait annoncé en juin que les Etats-Unis allaient accorder une aide de 20 millions de dollars à l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et à l’Université libano-américaine (LAU) afin de les aider à surmonter la pire crise économique que le pays a traversé depuis 30 ans.
Cependant, une question reste à se poser : Que devient-il des écoles et universités publiques qui manquent toujours de support financier provenant de l’Etat libanais ou d’autres sources étrangères ? Pourront-elles survivre seules la crise économique ou faut-il qu’elles reçoivent une aide financière au plus vite ?
La Direction des Etudes et Publications Libanaises
Romy Harfouche