Visiblement ravi de retrouver une ambiance de campagne électorale, Barack Obama s’est jeté mardi dans la bataille en cours pour lui succéder à la Maison Blanche, louant les atouts d’Hillary Clinton, qui vient de voir son horizon judiciaire s’éclaircir. “Je suis prêt à transmettre le relais (…) Je suis ici aujourd’hui car je crois en Hillary Clinton”, a lancé le président américain à Charlotte (Caroline du Nord) lors de son premier meeting commun cette année avec son ancienne rivale lors des primaires démocrates de 2008. Quelques heures plus tôt, le FBI avait recommandé de ne pas poursuivre l’ancienne secrétaire d’Etat dans l’affaire de l’utilisation de serveurs et d’une messagerie privés lorsqu’elle était à la tête de la diplomatie américaine. Si l’annonce de la police fédérale américaine est une excellente nouvelle sur le front judiciaire pour la candidate (la ministre de la Justice a assuré qu’elle se rangerait derrière les recommandations du FBI et des procureurs), l’affaire des emails n’a cependant pas fini d’empoisonner sa campagne. Les termes choisis par le patron du FBI James Comey pour qualifier l’attitude de l’ancienne Première dame, accusée d’avoir fait preuve d’une “négligence extrême”, offrent de précieux arguments à ses opposants républicains qui dénoncent sans relâche son manque de rectitude. “Toute personne sensée occupant la fonction de Mme Clinton (…) aurait dû savoir” qu’un serveur non protégé ne pouvait accueillir des informations classées secret défense, a pris soin de souligner M. Comey. Difficulté supplémentaire, le chef du FBI a appuyé là où cela fait mal pour celle qui espère devenir la première femme élue à la Maison Blanche: le sentiment de défiance qu’elle inspire. Le dernier sondage NBC News/Wall Street Journal donne même un large avantage (41% contre 25%) à son rival Donald Trump dans les domaines de l’honnêteté et de la fiabilité. Ce dernier a dédié de longs pans d’un discours à Raleigh, également en Caroline du Nord, à dénoncer un système “corrompu, truqué et honteux”, profitant aussi de l’occasion pour critiquer l’intervention “carnavalesque” de Barack Obama aux côtés d’Hillary Clinton quelques heures plus tôt. “Nous savons désormais qu’elle a menti au pays en disant ne pas avoir envoyé d’informations classées secret défense sur son serveur”, a insisté M. Trump. “Hillary Clinton a mis le peuple américain en danger.”Après avoir rejoint la Caroline du Nord ensemble à bord d’Air Force One – une décision qui a suscité une avalanche de critiques dans le camp républicain -, Barack Obama et Hillary Clinton s’étaient retrouvés sur scène, à Charlotte, première étape d’une série d’événements qui visent à rassembler les électeurs autour d’une candidate qui peine à enthousiasmer les foules. “Il n’y a jamais eu un homme ou une femme qui soit aussi qualifié pour ce poste. Jamais !”, a lancé M. Obama, insistant longuement sur les quatre années durant lesquelles, lors de son premier mandat, Mme Clinton a dirigé la diplomatie américaine en faisant preuve de “force” et de “leadership”. Hillary Clinton “sera une femme d’Etat qui fera notre fierté à travers le monde”, a-t-il clamé, avant de scander, avec une foule enthousiaste: “Hillary ! Hillary ! Hillary !”. Manches de chemise retroussées, debout au pupitre devant la candidate assise en retrait, tout sourire, M. Obama a aussi décoché quelques piques à Trump, tout en évitant, comme toujours, de mentionner son nom. “Tout le monde peut tweeter”, a-t-il ironisé, insistant sur le défi autrement plus difficile que représente le fait de prendre des décisions au quotidien depuis le Bureau ovale. “Si vous votez pour l’autre équipe, cela ne peut être à cause de l’économie”, a-t-il poursuivi. “Même les républicains ne savent pas vraiment de quoi il parle”, a-t-il ajouté. Etre président des Etats-Unis, “ce n’est pas la télé-réalité, c’est la réalité”, a-t-il encore lancé. A trois semaines de la convention démocrate à Philadelphie, au cours de laquelle Mme Clinton sera formellement investie candidate du parti aux dépens de Bernie Sanders, l’épouse de Bill Clinton entend profiter à plein du soutien présidentiel. En Caroline du Nord, l’un “swing States” (Etats cruciaux qui peuvent basculer autant du côté républicain que du côté démocrate), elle espère en particulier s’appuyer sur Barack Obama pour galvaniser l’électorat noir, au sein duquel ce dernier enregistre des scores inégalés.