En raison de la pandémie de coronavirus, aucune exécution n’a eu lieu dans le pays depuis le 5 mars dernier. Des mesures spécifiques ont été mises en place.
Après plus de deux mois d’interruption, les exécutions ont repris mardi soir aux Etats-Unis alors que la pandémie de coronavirus se poursuit. Walter Barton, 64 ans, a été condamné à la peine capitale pour le meurtre d’une octogénaire, lacérée de coups de couteaux en 1991, qu’il nie avoir commis. La vieille dame, une de ses connaissances, gérait un terrain de “mobile homes” et il faisait partie des trois personnes ayant découvert son corps. A l’issue d’une longue saga judiciaire, il a été condamné à la peine de mort sur la base d’une expertise de traces de sang et du témoignage d’un ancien co-détenu, dont ses avocats contestent la fiabilité. Pour tenter de le sauver, ils ont introduit lundi un ultime recours devant la Cour suprême des Etats-Unis, mais celle-ci a rejeté leur requête, sans explication, à quelques heures de l’échéance. Walter Barton a été exécuté mardi soir dans le pénitencier de Bonne Terre, Missouri. Ses derniers mots ont été “Moi, Walter Arkie Barton, suis innocent, ils exécutent un innocent”, ont rapporté les témoins de la scène.
En raison de la pandémie de Covid-19, aucune exécution n’a eu lieu aux Etats-Unis depuis le 5 mars. Le gouverneur de l’Ohio en a reporté plusieurs et des tribunaux du Texas ou du Tennessee ont fait de même, en soulignant notamment que les exécutions rassemblent trop de personnes: gardiens, avocats, témoins, proches… Les services pénitentiaires du Missouri ont fait savoir qu’ils avaient adopté un protocole de sécurité renforcée pour éviter de possibles contaminations lors de l’exécution. Les témoins seront séparés dans trois pièces et tenus de rester à distance les uns des autres. Leur température sera contrôlée et des masques leur seront fournis, a détaillé une porte-parole, Karen Pojmann.
Un dossier polémique
Malgré tout, des opposants à la peine de mort se sont mobilisés pour tenter d’empêcher l’exécution. “Walter est peut-être innocent. La santé et la sécurité du public vont être compromises juste pour faire du spectacle”, a ainsi dénoncé l’association Missourians for Alternatives to the Death Penalty. Cette dernière a adressé une pétition au gouverneur Mike Parson, mais l’élu républicain a exclu lundi d’accorder sa clémence à Walter Barton.
Pour les défenseurs du condamné, le dossier d’accusation a toujours été faible. Pour preuve, soulignent-ils, ses deux premiers procès ont échoué sans verdict et les deux suivants ont été annulés en appel. Il est aujourd’hui dans les couloirs de la mort en raison de la décision prise par les jurés lors d’un 5ème procès, en 2006. Cette condamnation avait été confirmée par la Cour suprême du Missouri, malgré la division de ses juges (quatre pour, trois contre). L’un des magistrats s’étant prononcé contre, Michael Wolff, aujourd’hui retraité, a expliqué ses doutes dans une tribune publiée par le journal local St Louis-Post Dispatch. Selon lui, l’accusation n’a pas réussi à expliquer comment il avait pu “donner 50 coups de couteau” et “sortir très peu taché de cette boucherie”.
Source : Le Point.fr