« Il est hasardeux de faire une règle de trois dans ce type de situation », a indiqué samedi le virologue Emmanuel André faisant référence aux tableaux et graphiques comparant la situation sanitaire en Belgique avec celle d’autres pays.
« La situation épidémique peut être largement différente d’un pays à un autre, simplement parce que le virus est entré dans les pays à des moments différents. Le démarrage de l’épidémie peut donc avoir été retardé. Ce dernier peut aussi avoir été accéléré. En Belgique notamment, plus de 150 nouveaux foyers ont commencé en même temps après les vacances de Carnaval et donc le démarrage de l’épidémie a été particulièrement rapide. C’est la particularité de notre pays », a d’emblée situé l’expert.
Le nombre de décès rapportés est aussi lié à la capacité des hôpitaux et des maisons de repos à réaliser les tests, souligne-t-il encore. « Un effet de sous-rapportage peut aussi exister. Nous ne sommes pas dans ce contexte-là en Belgique car les tests sont largement disponibles, et surtout pour les hôpitaux. »
Enfin, le virologue insiste sur le fait que les autorités belges tiennent « à rapporter tous les décès et ce en toute transparence ».
« Il est hasardeux de faire des règles de trois dans ce type de situation mais nous comprenons le besoin de certaines personnes de vouloir poser la question de la confiance par rapport à notre capacité à réagir. Nous pensons que le meilleur moyen de comparer est de prendre le nombre de décès dans les hôpitaux, qui est de 1.840 en Belgique », a-t-il conclu lors du point presse quotidien des autorités sanitaires sur l’état de la pandémie en Belgique.
Les masques ont un « rôle à jouer dans la prévention de la transmission »
« Nous pensons, comme les autres médecins, que tout ce qui va prévenir l’infection est bon à prendre. Et, les masques ont un rôle à jouer dans la prévention de la transmission, un rôle d’autant plus important que la distanciation physique est plus difficile à appliquer. Le rôle du masque est présent dans la réponse générale depuis le début de cette épidémie pour prévenir les infections. Il a été surtout appuyé au niveau des institutions de soins là où le niveau d’exposition est très important. En règle générale, le masque est un élément parmi d’autres mais ne peut pas être le seul pour aider à protéger la population et certainement dans une logique de déconfinement progressif mais nous ne sommes pas encore à ce stade-là », souligne l’expert.
Il ajoute par ailleurs qu’une réflexion est en cours sur la manière de « transformer cette évidence que le masque protège de l’infection en des recommandations applicables et utiles sur le long terme dans notre société ».
L’Académie soulignait toutefois que si le couvre-visage artisanal permet une filtration de 70 % des particules virales (contre 89 % pour les masques chirurgicaux, 92 % pour les FFP2 et pour les 98 % FFP3, NDLR), l’efficacité de ces masques sera amoindrie si elle n’est pas couplée avec les mesures de lavage fréquent des mains et de distanciation sociale.
Source : Si Coronavirus