Le président américain entend modifier en partie la politique économique chinoise et contraindre l’Iran à renoncer à ses ambitions régionales. Un programme de titan, juge dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
A coups de sanctions économiques, Donald Trump, plus flambard que jamais, défie la Chine et l’Iran. L’économie de la première pèse aussi lourd que celle de l’Amérique. Le poids stratégique du second est déterminant au Moyen-Orient. Dans un cas comme dans l’autre, l’épreuve engagée par les Etats-Unis est majeure. Elle vise à changer en profondeur la politique de deux pays qui, chacun dans sa zone d’influence, est une puissance prépondérante. On ne dira pas que le 45e président américain est isolationniste. Il est activement interventionniste.
Trump a quitté, fin septembre, ce grand psychodrame géopolitique qu’est la session d’automne des Nations unies, à New York, en posant ses objectifs. Il entend modifier en partie la politique économique de Pékin ; il veut contraindre Téhéran à accepter de renégocier sur son programme nucléaire et à renoncer à ses ambitions régionales – un programme de titan qui fait penser à l’ambition qu’avaient les néo-conservateurs de George W. Bush : « façonner » le monde à leur main. Vue d’un point de vue chinois ou iranien, l’affaire va bien au-delà des enjeux annoncés. Il s’agit de ne pas perdre la face.
Après une première salve de 60 milliards de dollars, les importations chinoises aux Etats-Unis vont maintenant être taxées à hauteur de 200 milliards. L’acte d’accusation américain est connu. La Chine ne joue pas franc jeu dans ses relations commerciales avec les Etats-Unis ; pour devenir un géant de l’innovation technologique à l’horizon 2025, elle malmène toutes les règles de la concurrence, disent les Américains. Washington veut obliger la Chine à négocier et à battre en retraite sur ces deux chapitres. On touche à l’un des piliers du modèle de croissance chinois
Source : Le Monde