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« L’exercice du journalisme entre démocratie et démagogie »

Dr. Hassana Ali Rachid

Les mass media font partie intégrale de l’environnement. Ils doivent être perçus dans le contexte culturel du pays (ses institutions, la structure sociale, son évolution historique). D’autre part, ce sont des opérations d’interprétation mentale et d’imagination de la réalité. La relation entre le public et les moyens de communication peut prendre des formes variées : positions négatives et positives, effets et la manière d’utiliser ces moyens. C’est ce qu’on appelle « la connaissance médiatique » qui est à la fois enseigner et apprendre, le produit c’est-à-dire les informations et les capacités que les étudiants acquièrent. Ceux qui apprennent ne sont pas uniquement les journalistes, mais chaque individu capable de lire les moyens de communication parce qu’ils lui permettent d’interpréter et de formuler des jugements étudiés.

La connaissance médiatique est devenue une nécessité impérative avec l’évolution rapide de l’information et des communications :

– Les développements technologiques

– Les développements économiques : les moyens d’information et de communication commerciaux ont surpassé les moyens assurant un service public. Les sociétés commerciales productives cherchent de nouveaux marchés et attirent un plus grand public. Ces sociétés dominent les champs de la politique, de la santé et de l’éducation.

– Les développements sociaux : La majorité des chercheurs sociaux affirment que le monde contemporain s’oriente de plus en plus vers l’individualisme avec la propagation des nouvelles techniques, ce qui a augmenté l’intérêt des sociétés productives à satisfaire les besoins des différentes catégories.

L’environnement médiatique a été directement affecté par ces développements, mais la question est de savoir comment ces développements se répercuteront sur l’exercice médiatique d’une manière générale, et où en sommes-nous de la véritable démocratie ? Seront-ils conformes aux chartes internationales et même arabes ?

Les quinze principales chartes traitant les règles de la profession, insistent sur le respect des comportements et de l’éthique de la profession selon les règles suivantes :

– Respecter la vérité quelles que soient ses conséquences sur le journaliste, car le public a    le droit de la connaître.

– Défendre la liberté de l’information et la liberté de commenter et de critiquer.

– Refuser toutes les pressions et s’abstenir de toucher toute rémunération matérielle ou pot-de-vin ou même d’accepter des cadeaux.

– Préserver le secret professionnel

– La liberté de la presse doit être exercée dans le respect de l’éthique de la profession, et les mass media doivent transmettre fidèlement et sincèrement les événements et les informations.

L’exercice de l’information au début du 21ème siècle exige le développement de l’éthique de l’information surtout dans une société multiconfessionnelle, et le sens critique, par l’éducation des citoyens affectés d’analphabétisme médiatique. De là le besoin de fonder une culture médiatique capable de protéger les libertés, et d’organiser la performance médiatique dans les cadres et règles professionnels.

Il est vrai que personne ne peut servir dans une société dénuée de liberté, et ne peut développer ses talents sans liberté. La liberté est la reconnaissance de la dignité humaine. Elle est un droit pour le journaliste et un service pour la société et ses institutions. La liberté ne peut être préservée que par la liberté. Le journaliste doit être libre de toute pression externe et des tiers pour qu’il puisse être sincère, impartial et juste. La société doit également le protéger de la pression des tentations et de la corruption parce qu’il peut largement contribuer à former l’homme civil et à organiser son environnement.

D’autre part, l’exercice médiatique est lié au concept de « nouvelle information » qui comporte trois principales dimensions :

1. La dimension de communication : à travers les moyens de mass media

2. La dimension internationale : les communications et interactions se passent entre états et peuples appartenant à des états reliés par des relations internationales malgré les particularités historiques, culturelles, sociales, économiques et politiques.

3. la dimension culturelle : à distinguer l’information dans le monde occidental et le monde arabe. L’information arabe interagit avec la culture arabe en langue arabe.

Dans le monde occidental, les médias sont acquis et assimilés dans de fortes concentrations économiques qui peuvent les financer. Et certaines institutions financières qui ne travaillent pas dans le domaine de l’information cherchent à posséder des institutions d’information et peuvent déterminer le genre d’idées à diffuser, de sorte que les premières dominèrent le contenu médiatique des secondes, surtout après le développement technologique rapide depuis 1985.

Il va sans dire que quel que soit le régime politique et économique, les mass média  ont besoin de grands capitaux pour assurer la communication. Dans les régimes démocratiques, l’information est entièrement aux mains des propriétaires des grandes sociétés financières et des hommes d’affaires qui ont acquis un véritable pouvoir. L’information devient ici porte-parole officiel de ces parties en accord avec leur buts et intérêts.

Ainsi donc, l’exercice professionnel se situe entre la démocratie et la démagogie. La distance les séparant n’est pas grande, car le journalisme joue un rôle positif en transmettant les informations selon le principe de la liberté d’expression et d’opinion. Mais son rôle peut être très négatif lorsqu’il contribue à défigurer la vérité, voire à la changer pour des raisons politiques, sociales ou autres. Les exemples sont innombrables.

De l’avis du chercheur français Patrick Champagne, les journalistes et surtout dans l’audio-visuel, sont capables de fabriquer les événements sociaux et de les présenter selon la politique du média dans lequel ils travaillent et selon leurs propres critères.

L’intérêt porté aux médias audio-visuels est dû à deux éléments : l’un se rapporte aux nouvelles techniques et notamment au niveau de l’image et son impact. L’autre concerne la manière de préparer le public. Ainsi la propagation des chaînes par satellite a transformé les spectateurs des diverses catégories socioprofessionnelles en de véritables consommateurs des mêmes contenus. Les réactions sont le plus souvent similaires. Ce qui nous conduit à la question : L’information est-elle toujours la même au 21ème siècle et la liberté est-elle exercée selon les dispositions des chartes internationales ?

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