Facebook accélère son offensive face à YouTube. Mercredi 9 août, le réseau social a dévoilé un nouvel espace dédié aux vidéos. Baptisé Watch, il sera initialement disponible aux Etats-Unis, mais seulement pour un nombre « limité » d’utilisateurs. Ce lancement, attendu depuis des mois, doit permettre à la société d’accélérer dans la publicité vidéo, considérée comme le prochain relais de croissance du chiffre d’affaires.
CENTAINES D’ÉMISSIONS
Pour alimenter son offre, Facebook a noué des partenariats avec des créateurs de contenus. Une douzaine d’émissions originales sont déjà connues. Elles seront notamment produites par Conde Nast, National Geographic, Tastemade ou encore la NBA, le championnat américain de basket-ball. Les groupes Internet Buzzfeed, ATTN, Vox et Group Nine Media (NowThis) proposeront également de courtes émissions sur la plate-forme. Et des rencontres de baseball et de football seront retransmises en direct.
Facebook espère proposer une centaines d’émissions lors du lancement officiel, qui pourrait intervenir fin août. Pour attirer les créateurs, l’entreprise de Menlo Park n’a pas hésité à sortir le chéquier. Selon l’agence Reuters, elle aurait versé entre 10.000 et 35.000 dollars pour la production de certaines émissions. Cette somme monterait même à 250.000 dollars pour les vidéos plus longues. En outre, Facebook reversera 55% des recettes publicitaires – soit exactement le même pourcentage que YouTube.
COUPURES PUBLICITAIRES
La société devra cependant démontrer la viabilité de ce modèle économique, alors que ses utilisateurs ont longtemps été habitués à regarder des vidéos sans aucune publicité. Depuis février, Facebook tente une approche différente. Contrairement à YouTube, les spots ne sont pas diffusés avant la vidéo, mais après 20 secondes. Ils doivent ensuite être espacés d’au moins deux minutes. « C’est un pari risqué car il semble que les gens n’apprécient pas ces interruptions », souligne Jan Dawson, analyste chez Jackdaw Research.
Face à la filiale de Google, Facebook veut mettre en avant ses deux milliards d’utilisateurs dans le monde, dont la plus grande partie se connecte chaque jour. Et tirer profit de son aspect social. Sur son réseau, les vidéos peuvent en effet rapidement devenir virales, se partageant entre amis et accumulant un nombre très élevé de visionnages. Watch, qui sera accessible depuis les PC, les mobiles et les télévisions, proposera aussi des groupes de discussion pour les fans de chaque émission.
100 MILLIONS D’HEURES PAR JOUR
« La vidéo est une tendance lourde qui a le même impact que le mobile », assure Mark Zuckerberg, le fondateur et patron de Facebook. Depuis 2014, la plate-forme a plusieurs fois modifié son algorithme afin d’accorder une place toujours importante aux vidéos. Pour le moment, celles-ci ne génèrent qu’un chiffre d’affaires limité. L’audience est pourtant massive: plus de 100 millions d’heures de vidéos visionnées chaque jour. Et le marché de la publicité vidéo en ligne de plus en plus lucratif.
Selon les estimations du cabinet eMarketer, il devrait atteindre en 2020 près de 17 milliards de dollars aux États-Unis, soit trois fois plus qu’en 2014. L’enjeu est d’autant plus important que Facebook a prévenu que la croissance de ses recettes allait ralentir en 2017, alors que la place commence à manquer pour insérer toujours plus d’annonces publicitaires. Il faut donc trouver de nouvelles formes de monétisation. « Au cours des deux prochaines années, la vidéo représentera notre principal relais de croissance », prédit M. Zuckerberg,