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Les principes de la profession et les talents du journaliste

Dr. Amer Machmouchi

Question intrigante qui a longtemps préoccupé les psychologues et les sociologues. Elle est à nos jours débattue sans parvenir à un résultat décisif.

Le grand écrivain Bernard Show a vu qu’il fallait séparer le journalisme des nouvelles et la philosophie de la politique journalistique. Une telle séparation est nécessaire pour distinguer l’informant qui rassemble les nouvelles du rédacteur qui se charge de « mijoter » la nouvelle, de l’analyseur politique, de l’auteur d’article, de l’enquêteur ainsi que de l’auteur de l’éditorial et du reporter.

Cette distinction nous permet de comprendre cette énigme de la presse qui n’est autre que le talent journalistique, et la nature de ce talent et son importance dans le contexte de l’équation de savoir si le journalisme est une science ou un talent ou les deux à la fois.

Une théorie courante dans le monde de la presse donne la priorité au talent sans dénier l’importance de la science même pour le journaliste informateur telle qu’elle est analysée par le journaliste américain Thomas Perry auteur du livre « La presse aujourd’hui ».

Le grand journaliste américain du 19ème siècle Joseph Pulitzer d’origine hongroise qui a été élevé dans l’école de l’expérience traditionnelle, c’est-à-dire le journalisme du talent, déclara qu’il n’y a pas de profession dans le monde qui puisse être menée à bien sans une formation suffisante, et que les journalistes qui n’ont pas été habilités apprennent leur profession aux dépens du public. Car il ne suffit pas de recevoir un enseignement académique, il faut en plus subir une préparation spéciale.

Ainsi, il a donné avant sa mort deux millions et demi de dollars pour fonder un institut de presse et a consacré un prix journalistique pour les meilleurs écrits journalistiques et littéraires. Cet institut est devenu par la suite une faculté à l’université de Columbia.

Le talentueux journaliste Pulitzer reflétait sa propre expérience pour conclure que le talent n’est pas suffisant pour faire un journaliste réussi. Il faut en plus la connaissance dans sa diversité et la formation professionnelle, au sens : le journalisme est la spécialisation des doués.

L’Unesco a adopté dans sa session de 1948 le point de vue de Pulitzer et a reconnu dans son rapport qu’il n’y a pas de profession qui exige une culture diversifiée et un esprit ouvert comme le journalisme.

En 1956, l’Unesco a réuni à Paris un congrès d’experts auquel ont assisté des journalistes et des professeurs de journalisme de 15 pays qui a fini par adopter la résolution d’établir des centres régionaux chargés de promouvoir le niveau de formation professionnelle. Des centres ont été établis à Strasbourg, à Quito en Equateur, à Dakar au Sénégal et dans d’autres pays.

Et de conclure qu’il n’est plus possible pour le journaliste de se contenter des talents innés quels qu’ils soient pour accomplir au mieux sa mission. Il doit être muni de maintes connaissances et de capacités variées proportionnellement à sa responsabilité, au progrès des sciences et techniques, et à la rapidité de l’évolution politique et sociale en plus de la prise de conscience du lecteur.

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